Radiohead - Videotape

Parfois, c’est un besoin d’écrire le nom du groupe en même temps que le titre de la chanson.

Alors pourquoi Radiohead ?

Le groupe a presque splitté, entre 2004 et 2005. Fatigue de tournées. Mais pas vraiment. Ils se sont simplement octroyés des vacances, quelques semaines, comme ça, pour se reposer d’un an et demi de concerts. Et puis, au moment de se rejoindre, plus rien. Plus de raisons, plus d’espérances, plus d’envies. Plus rien sauf peut-être de la peur. Mais cette peur là, c’est la peur du vide. Plus de contrat avec une maison de disque, plus de contraintes. Plus de genres pour enclaver, plus d’instruments à conserver, plus de critiques à convaincre. Juste la liberté, et le vide, et la peur du vide.

Mais Radiohead est un groupe comme ça, qui aime côtoyer le vide, qui aime y hurler à pleins poumons, rien que pour voir si ça résonne. Déjà en 2000, lors de la genèse de Kid A, c’était comme ça. Ils avaient atteints le sommet de la gloire avec un album rock, et il ne leur restait que de la lassitude et de l’ennui. Alors, renouvellement, musique électronique.

La différence cette fois, c’est que le groupe flirte avec le gouffre, devant nos yeux. Et c’est magnifique, bouleversant, pathétique à voir. Contrairement à la genèse de Kid A, qui s’est passée en totale autarcie dans le studio de Nigel Godrich, Radiohead a cette fois décidé de partir en tournée pour conjurer le sort. Pour changer, comme toujours, pour voir ce qui se passe, pour serrer les rangs et s’amuser.

Le résultat, c’est une bonne dizaine de chansons, jouées alternativement par paquets de trois ou quatre à chaque concert. Quelques titres ressortent du lot : All I Need, Arpeggi, Go Slowly, Videotape, … Dans la grande majorité, pas de quoi faire un album. Pas encore (NB : n’importe quel groupe pourrait en faire un album, mais Radiohead est bien trop exigeant avec lui-même pour se contenter de ça).

Il y a aussi Open Picks qui pourrait être du shoegazing version Radiohead, elle en a la mélodie, elle en a la puissance côté guitare mais pour cela Radiohead aurait besoin d’un mur de son qu’ils rechignent en apparence à élever. Peut-être de peur que cela ne coïncide pas avec le voix de Thom, qui sait pourtant faire beaucoup de choses. Pour l’instant, cela ressemble à une face B coincée entre The Bends et Ok Computer.

Du potentiel et surtout un cas test : le Radiohead d’aujourd’hui sera-t-il capable de prendre cette chanson, qui ressemble à du Radiohead d’il y a dix ans, et la transformer en quelque chose de naturel, d’inévitable, et de révolutionnaire ? Toute la question est là.

Sur scène, des fragments d’écran géants accrochés au fond de la scène forment un miroir à la Cocteau. Dans un premier temps, chaque fragment diffuse la même image de la scène dans son entier, puis chaque fragment devient indépendant et diffuse l’image live d’un seul des musiciens. Il n’y a plus de groupes, chacun est une entité, un groupe différent, qui fait sa propre musique. Puis les caméras zoome et seuls les instruments de chacun apparaissent dans les cadres de écran. Il n’existe même plus de musiciens, ce ne sont plus que des instruments qui jouent parfaitement des notes aléatoires qui forment des chansons applaudit. Et puis soudain, les fragments sont tous envahis par les morceaux d’une seule personne, Thom York, et son visage démesuré. Comment résumer les errances d’un groupe en quelques images considérées par trop de gens comme un simple arrière-plan.

Un blog nommé Dead Air Space vient compléter le processus de dévoilement du gouffre. Des photos live, des photos studios, des poèmes qui semblent sortis tout droit des paroles des chansons à venir, etc. Décevant.

Décevant parce que Radiohead est libre de tout contrat et possède un studio personnel dans lequel les heures ne sont pas comptées. Alors pourquoi pas de son sur ce blog ? Des chansons, des bouts de chansons, des jams, des voix, des accords, une ou deux pistes électroniques. Serait-ce si difficile ? Révolutionnaire. Passons.

Alors pourquoi Radiohead comme ça, comme première note, pour commencer. Moi-même, je ne le savais pas. C’est simplement à leur sujet que me sont venues les premières idées.

Mais quand même, ne soyons pas naïf.

Il y a bien des raisons pour lesquelles c’est de Radiohead que j’ai envie de parler, là tout de suite. La plus forte, c’est parce que je me reconnais dans leur parcours.

A mon propre niveau bien sûr, mais s’il n’existe qu’un seul groupe aujourd’hui qui appartient à tout le monde et à personne, c’est bien celui-là. Alors j’ai le droit de m’en réclamer, de m’y comparer si je veux.

Une période de 3 années s’achève pour moi. Trois années compactes, avec une même origine, une même fin, dictées par des contraintes matérielles, spirituelles, physiques. Trois années où, à mes yeux, et ce sont eux qui comptent dans ces moments d’introspection, j’ai progressé sans cesse, en m’appuyant sur le passé, en révolutionnant le passé, en le bouleversant et en le méprisant, en l’aimant et le regrettant, sans jamais revenir en arrière que pour en garder le meilleur et le plus naturel. J’en ressors avec des diplômes, des histoires, des romans.

Trois années d’études, de blogs, d’écriture. Qui s’achèvent bêtement. Fin de contrat dirons-nous, par politesse. Se reposer de cette tournée de trois ans. Pas de split, d’album, pas de suicide ou d’accident, ou de mariage.

Simplement, du repos. Et après ? Pourquoi, il y a un après ? Peut-être qu’on ne m’avait pas prévenu au départ, peut-être que je n’avais pas réalisé, juste avant.

Il y a un après. C’est officiel. Et dans cet après, il faut faire quelque chose. Il faut continuer. Ou bien considérer qu’il est encore temps pour terminer le tout. Clôturer les trois ans avec un grand boom. Ou encore, on peut changer, radicalement, du tout, de vie, de style, de pensées.

Qu’est-ce que je décide ? Qu’est-ce que j’ai décidé ?

Je crois que je vais faire une tournée. Juste pour voir. Si je suis encore capable de continuer, de jouer ces mêmes morceaux, de chanter de la même façon, et puis voir si ces quelques trucs qui me trottent dans la tête sont capable de donner quelque chose. Et qui sait, peut-être de changer le monde ?

Le " It May All End Tomorrow Tour ", parce que comme son nom l’indique …

C’est pour ça qu’ici, vous trouverez les mêmes vieilles rengaines que d’habitude. Des notes sur rien. Et puis deux ou trois nouveautés, comme ça, juste pour que vous puissez les lire pendant que moi, je les bidouille, je les transforme d’un soir à l’autre. ça s’appellera " Nos Nuits Ardentes " et c’était censé être un roman il y a bien longtemps, quand Radiohead pensait pouvoir faire un nouvel album. Maintenant ce sera des notes ici, un work in progress de roman, en direct, susceptible d’être bouleversé à chaque instant, modifié, tué, amélioré. On pourrait dire que je copie sur Mark Z. Danielewski mais je ne crois pas que " on " dans sa majorité, connaisse Mark Z. Danielwski. Quoique, comme " on " se résume, se résumait, et se résumera toujours, à une ou deux personnes, j’ai toutes mes chances d’être compris.

Enfin, je l’écris quand même, comme si c’était le sigil technoïde d’un magicien électronique, ce serait pas mal si des gens se mettaient à lire ce " roman en work in progress " ( même pas une dizaine de personnes, allez, une demi-douzaine ce serait bien), et que tout ces gens soient intelligents et sympas et me disent ce qu’ils en pensent, comment ils ressentent ce que j’essaie de faire passer, comment ils perçoivent les endroits où je veux les amener.

Voilà c’est dit, oubliez tout de suite. Je tenais simplement à ce que ce soit immortalisé dans la mémoire d’internet. Mais ça n’arrivera pas et c’est puéril de ma part de souhaiter ce genre de choses.

Mais qui sait ? Les gens applaudissent bien les nouvelles chansons de Radiohead. Même les plus mauvaises.

Mp3's de tous les live 2006 de Radiohead : http://www.lders.nl/

Dead Air Space, le blog de Radiohead : http://www.radiohead.com/deadairspace/